Connu pour être la plume, la voix, et l’un des membres fondateurs du groupe Boulevard des Airs, le Bigourdan Sylvain Duthu présente aujourd’hui son tout premier album solo, sobrement intitulé 15h22.
Rencontre.
Par un bel après-midi d’été, nous avons retrouvé Sylvain à l’ombre des grands arbres du Jardin Massey pour parler de son nouveau projet, de sa carrière, de ses goûts musicaux et de nombreux autres sujets. Retour sur près de deux heures d’une discussion fort agréable.
25 septembre 2021, Bordeaux. Le concert de BDA vient de se terminer, concluant ainsi la plus grosse tournée du groupe. Cette date marque la fin d’un cycle : « On avait décidé de faire une pause ; après 5 albums et 18 ans d’existence, c’était le bon moment ». Après le concert, Sylvain part en voiture avec Julie, sa compagne, et des amis ; sur la route, un chauffard leur fonce dessus et provoque un accident d’une grande violence. Les mois suivants furent difficiles : il a fallu panser les blessures physiques et psychologiques. « Mon sens des priorités a changé. Avec Julie, on a déménagé au bord de l’océan, à Biarritz, et j’ai décidé de faire les choses à mon rythme. J’avais besoin de prendre le temps ».
Comment est né 15h22 ? « Je n’avais pas l’intention de faire un album solo. Un jour, après avoir créé le titre La Recette du bonheur avec Vincha (artiste avec qui Sylvain écrit et compose pour d’autres interprètes, NDLR), je me suis dit pour la toute première fois “Tiens, j’aimerais bien garder cette chanson pour moi”… Quand je suis retourné chez Vincha, je lui ai demandé : “Pour quel artiste on bosse, aujourd’hui ?”, et il m’a répondu “Pour toi”. On a fait la chanson Prologue, et ça a été le déclic : j’ai compris que j’étais en train de faire un album solo, et que ce titre serait placé en première position ». Prologue est une porte d’entrée qui introduit l’univers de 15h22 : Sylvain s’y présente et annonce la couleur intimiste de l’album.
Pour un artiste, se présenter au public sous son vrai patronyme n’est jamais une démarche anodine : « Je ne suis plus le porte-parole d’un groupe, ce n’est pas la même méthode de travail. Là, je suis en mode journal intime : je parle de ma vie, de l’accident, de Julie, de mon père, de mes chiens… ». Être seul aux commandes permet à Sylvain de se livrer comme il ne l’avait jamais fait auparavant : « J’ai profité de cet album pour dire des choses aux gens que j’aime. C’est beaucoup plus facile pour moi de les dire en musique ». Cette volonté de transparence se ressent aussi dans les clips vidéo, qu’il écrit et réalise avec sa compagne : « Pour le moment, on a sorti trois clips, et je me suis rendu compte qu’il n’y a aucun intervenant en dehors de mes proches, ma famille et mes amis ». Exemple avec Le plissement de l’œil, une chanson que Sylvain a écrite pour son père : dans le clip, père et fils apparaissent côte à côte, donnant ainsi naissance à des images à la fois pleines de pudeur et d’émotions.
Alors que nous discutions musique, une alarme a retenti sur le téléphone de Sylvain. Il était très précisément 15h22. Il a dégainé son portable et photographié l’arbre qui se trouvait juste à côté de nous : « Tous les jours à la même heure, je prends en photo ce que j’ai sous les yeux, nous a-t-il expliqué. Je fais ça depuis 5 ans, j’ai à peu près 2000 clichés ; ça forme une sorte de journal intime en images ». Lorsque l’album a pris corps, il a également revêtu l’aspect d’un journal intime ; le parallèle avec l’expérience photographique était évident, et le titre « 15h22 » s’est imposé de manière naturelle. Petit bonus : Sylvain a réalisé un tirage unique, signé et numéroté de chacune de ces photos, et il offre un exemplaire à chaque précommande de l’album. La classe.
15h22 est disponible dès le 6 septembre ; à partir de février prochain, Sylvain prendra la route pour le défendre sur les planches. Il fera bien sûr escale à La Gespe, là où tout a commencé : rendez-vous le 7 mars pour un concert à ne rater sous aucun prétexte. Nous lui avons demandé si de nouvelles chansons étaient actuellement en gestation : « Mmh… en ce moment, je fais plutôt du placo ! (rires) Je suis dans les travaux, les cartons, le déménagement. Je travaille aussi la mise en scène du spectacle : c’est obsédant, chez moi ; je suis un grand fan de Vincent Delerm et Tiago Rodrigues, qui excellent en la matière ». 15h22 a beau être teinté de mélancolie, l’amour y est omniprésent : « C’est un peu le fil rouge de l’album. L’amour est salvateur, il nous aide à traverser la vie ; si on manque d’amour, de tendresse, d’échanges, de sociabilité, on finit par prendre de mauvaises décisions. Tout est question d’amour ! ». « Love is all », comme dirait Roger Glover… Merci, Sylvain !
www.sylvainduthu.com
Facebook – Instagram – YouTube