Depuis 2013, Julien Desplantez dirige le festival de danse de Lourdes, un temps fort pour le chorégraphe lourdais, installe à Paris. En revenant à la maison, il ouvre la scène a de jeunes compagnies rigoureusement sélectionnées, pour deux spectacles à la portée de tous.
Il choisit ses mots selon leur résonnance, une expérience physique. Julien Desplantez même au téléphone, c’est une présence. La danse remonte aussi loin que ses souvenirs : « A 3 ou 4 ans je réclamais déjà, et j’ai toujours dansé par plaisir. Je m’amusais, et je m’amuse encore ». Il fait ses premiers pas, ses premières scènes à Lourdes, n’arrête pas de danser étudiant à Toulouse. Titulaire d’une maîtrise de droit, il devient assistant d’un service juridique dans une société d’auteurs, à Paris. Poussant ses recherches personnelles, il démissionne et choisit la danse : « Je suis devenu stagiaire chez Jean-Claude Gallotta, un rêve de gamin. Et puis tout s’est enchaîné rencontre après rencontre, mais j’ai toujours choisi avec qui je voulais apprendre, je me suis pris en main ». La danse, chemin solitaire au milieu des autres, un dialogue avec le corps : « Je cherche au plus profond d’une sensation, d’un état de corps. Trouver du mouvement peut être long, mais ce n’est pas compliqué. Le remplir, par contre… La danse est un art exigeant, difficile, mais les efforts sont payants, même à long terme ». Professeur dans les conservatoires de la ville de Paris et au Studio Harmonic, Julien Desplantez ne passe pas un cours sans questionner ses élèves « pour savoir jusqu’où ils peuvent aller, réfléchir. Je fais appel aux images auxquelles le corps réagit, ça donne quelque chose d’instinctif et ça marche ». Pendant le festival de Lourdes, il dispense cours techniques et anime un atelier chorégraphique : « Pour l’atelier je fais face à des corps, des gens que je ne connais pas. C’est un vrai challenge comme je les aime, qui demande aux danseurs d’être efficaces, réceptifs tout de suite ». Présenté lors de la soirée de clôture samedi 3 novembre, l’atelier représente « un gros travail physique et intellectuel ». Le festival, « un temps fort, chaque année remis à zéro car je ne suis jamais assuré qu’il y ait du monde aux spectacles, cours et atelier ». Bienveillant, patient, exigeant, c’est ce qu’on dit de lui : « Je peux aussi être très chiant si je sens qu’en face ça ne travaille pas. Ce que je ne supporte pas, que mes élèves ne cherchent pas ». Première règle, le respect, « compliqué dans ce milieu. Je n’aime pas aller en répétition la boule au ventre, et avec mes élèves, je n’oublie jamais que j’ai été amateur, que j’étais à leur place ». Et comme spectateur, Julien Desplantez aime « un corps vrai. Je sais apprécier une belle technique mais j’aime sentir les corps, les malaxer, même depuis mon fauteuil ». Il pense et sa vie est mouvement. A 44 ans, Julien Desplantez assure que « la danse conserve. C’est même l’un des meilleurs sports pour les neurones, car il demande une adaptation permanente à l’espace, un équilibre. Le corps, c’est toujours en train de réfléchir ».