Quand le sport nous rassemblait

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Après le succès de « Les Hautes-Pyrénées de mes grands-parents », Jean-Paul Abadie publie aux éditions Cairn « Le Sport dans les Pyrénées de mes grands-parents ». Un ouvrage qui livre sa nouvelle moisson de clichés du fonds photographique Alix*, revenant sur l’essor du sport dans la société bigourdane.

Il y a deux ans pour la parution de son premier ouvrage, Jean-Paul Abadie ne cachait pas son désir d’exploiter différentes thématiques à partir des photographies Alix, comme autant de pistes pour fouiller dans la mémoire collective bigourdane. Avec « Le Sport dans les Pyrénées de mes grands-parents », l’auteur revient sur la démocratisation des pratiques sportives durant le XXème siècle, des années 30 aux années 70.

Bigorre Mag : cette fois-ci, pourquoi le sport ?

Jean-Paul Abadie : la thématique était abordée dans le précédent ouvrage et je voulais approfondir le sujet… je pense avoir bien fait, nous allons « récupérer » les Jeux Olympiques ! La période couverte va des années 30 aux années 70, avec l’apparition du sport dans la vie rurale et ouvrière. En Bigorre, le sport est arrivé progressivement par le biais des curistes, les « baignats ». Nos Bigourdans virent ainsi des gens pratiquer l’escrime, l’équitation, la pétanque… L’activité thermale a largement favorisé l’apparition des sports dans les Hautes-Pyrénées.

Comment avez-vous fait votre choix parmi les 700 000 photos du fonds photographique ?

J’ai travaillé sur 1500 photos, examiné les négatifs et plaques de verre, pour en retenir 150… le choix est toujours laborieux et délicat. Le fonds est extrêmement riche et diversifié, j’ai réussi à traiter 21 disciplines sportives sur cette période, avec des sports « rares », comme le polo par exemple. Il y a des pépites qui apparaissent dans la recherche, c’est très gratifiant. L’ouvrage témoigne de l’apparition du sport dans la société bigourdane, et permet de valoriser ces documents, inconnus du grand public.

« Sur tous les podiums du monde, on chantait Montagnes Pyrénées ! »

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Quel était le sport le plus populaire ?

Au début des années 30, c’était la quille de 9. C’est un sport qui persiste, il existe encore 6 ou 7 quillets dans le département. Ces terrains de jeu étaient souvent situés près des auberges ou cafés, c’était un moyen assez malin d’attirer la clientèle. Autres sports très développés dans les Hautes-Pyrénées, le cyclisme et le rugby. Pour le rugby, nous avons eu 4 équipes en division nationale : Lannemezan, Bagnères, Lourdes et Tarbes… ce qu’on ne reverra peut-être jamais.

Aujourd’hui, ce n’est plus le même rugby…

C’est en effet ce que j’explique… comme d’autres avant moi, je me demande ce qu’on a fait de notre rugby. Et les gens allaient assister aux matchs ; sur l’une des photos, pour un match à Bagnères, tribunes et bord de touche sont noirs de monde.

Et pour le ski ?

Au début, c’était du ski de fond et du ski de saut, avec des championnats de France durant plusieurs années à Barèges. Il y a eu une période faste où les Pyrénées étaient en tête de gondole avec des gens comme François Vignole, Pierre Marcou, Henri Cazaux, Isabelle Mir… toutes ces célébrités qui ont porté haut les couleurs de la France et de la Bigorre. Sur tous les podiums du monde, on chantait « Montagnes Pyrénées » !

Ce qui a permis le développement des stations ?

Oui, notamment à Saint-Lary avec Vincent Mir, qui a eu l’intelligence et la prémonition de construire un téléphérique.

Les photos étaient-elles des photos de commande ?

Non, pas spécialement, c’est la famille Eyssalet qui prenait l’initiative de faire les photos. Par exemple, pour le Tour de France, les négatifs étaient rapidement descendus à Bagnères depuis le col du Tourmalet ou d’Aspin avec l’aide de la gendarmerie car les routes étaient bloquées, développées puis exposées devant la boutique Alix sur de grands panneaux. Les gens pouvaient s’y reconnaître ou reconnaître leur coureur préféré, achetaient les photos. Pour les matchs de rugby, les photos étaient envoyées à la Dépêche du Midi, et Sud-Ouest.

Qu’est-ce qui fait la magie des photos Alix ?

Ces photos ont été faites avec un matériel rudimentaire, avec le génie de prendre la photo au bon moment. Le photographe n’avait pas la possibilité de mitrailler comme aujourd’hui ; il fallait être économe et faire de la photo rentable. La magie, c’est aussi le public ; un public qui ne pose pas, dans toute sa naïveté de l’époque. On remarque également tout le respect que les gens avaient pour les sportifs. Il n’y a pas de débordement, malgré l’engouement extraordinaire suscité par un Tour de France, par exemple.

D’après vous, comment les sports ont-ils évolué depuis ?

Les sports ont atteint un niveau inégalé sur le plan physique et esthétique, chaque sportif se consacrant à sa discipline, prenant tout un tas de précautions alimentaires…

Mais à l’époque, c’étaient des gens qui travaillaient. Des gens ordinaires qui, par le biais du sport, ont connu l’ascension sociale.