Pierre Lafontaine : Tout est dans le détail

Lorsque le Mag a découvert le travail de cet artiste singulier, nous avons été soufflés par la précision de ses œuvres. Mais comment fait-il pour produire des dessins aussi -réalistes ? C’est ce que nous sommes allés lui demander !

Non, amis lecteurs, les images que vous voyez sur ces deux pages ne sont pas des photographies professionnelles en noir et blanc : il s’agit de dessins réalisés avec un simple crayon. Bienvenue dans le monde de Pierre Lafontaine !

De la farine au crayon

Pierre a grandi à Pontacq. Enfant, il était attiré par le dessin et les beaux-arts, mais le destin en avait décidé autrement : « Dans ma famille, on était boulangers de père en fils. Mon père était boulanger, comme mon grand-père, et je le suis devenu à mon tour. Je suis la cinquième génération de boulangers ». À 30 ans, il quitte la France pour l’Espagne : « Nous avons monté une pâtisserie avec mon épouse ; on a passé 35 ans entre l’Espagne et le Maroc, où l’on avait une entreprise d’import-export à Marrakech. Je dessinais des objets et des meubles que je faisais ensuite fabriquer ; c’est à cette époque que je me suis vraiment mis au dessin ». Aujourd’hui, le couple est revenu vivre au pied des Pyrénées.

 Inventer sa technique

Pierre, qu’est-ce qui vous a poussé à vous mettre au dessin ? « Un jour, à Marrakech, j’ai eu envie de dessiner Marie-Pierre, mon épouse. J’ai acheté un crayon et une gomme, et j’ai été très surpris du résultat : c’était super ! À partir de là, je me suis mis à dessiner de plus en plus régulièrement. Aujourd’hui, je dessine tous les jours ». Vous êtes donc entièrement autodidacte ? « Oui ; je me suis inventé des techniques au fur et à mesure ». Pour plonger au plus profond de ses œuvres, Pierre a un outil spécial : « J’utilise une loupe assez puissante équipée de LED ; elle me permet d’aller vraiment dans les détails que l’on ne voit pas à l’œil nu ».

 Patience d’artiste

Pour parvenir à un tel rendu, Pierre passe énormément de temps sur chaque dessin. Certains sont très impressionnants, comme celui qui représente des éléphants : il mesure pas moins de 1,40 m x 1 m. « C’est le plus grand que j’ai fait. J’ai mis deux mois et demi pour le réaliser, en dessinant pratiquement tous les jours à raison de cinq ou six heures par jour. Il y a des jours où je devais m’arrêter : je voyais des trompes partout, même la nuit dans mon sommeil ! (rires) » Pierre travaille à partir de photos. La plupart du temps, ce sont des photos qu’il prend lui-même ; parfois, il reproduit (avec l’accord de l’auteur) des photographies professionnelles : la qualité supérieure des clichés lui permet d’aller plus loin dans le niveau de détail. Le résultat est réellement bluffant, et il faut un certain temps au spectateur pour admettre qu’il s’agit bien de dessins et non de photos.

 Crayon vs Robots

Les œuvres de Pierre sont très variées : il dessine des paysages, des portraits, des animaux, des tranches de vie, etc. : « En ce moment, j’ai plaisir à dessiner les montagnes ». Il manie également le pinceau : « Je peins de l’abstrait. J’aime bien faire de grandes toiles. Quand le crayon me prend trop la tête, je prends les pinceaux, je fais deux ou trois toiles, puis je reviens au crayon (rires) ». Au fait, en tant qu’artiste, de quel œil voyez-vous l’arrivée de l’intelligence artificielle dans le domaine de l’art ? « Je ne sais pas… Je trouve que c’est génial, mais tout dépend de la manière dont c’est utilisé. Ça peut faire peur… L’IA permet de faire ce qu’on veut avec les images ; on se demande comment une telle chose est possible ».

L’art & la liberté

Régulièrement, Pierre présente son travail lors d’expositions, comme à Nay il y a quelques semaines où il présentait une expo sur le thème de la montagne. Si vous souhaitez découvrir ses dessins, allez donc faire un tour sur son Facebook : de nombreuses œuvres y sont présentées, et vous pourrez ainsi vous tenir au courant de ses prochaines expositions. Il réalise quelques commandes et vend certaines de ses œuvres : « C’est toujours compliqué de me séparer de mes dessins. J’y mets tellement de moi, j’y passe tellement de temps… Il y a quinze jours, j’ai vendu le portrait d’une femme africaine, et… ce n’est pas rigolo. Heureusement, je sais où il va, je connais la famille qui l’a acheté ». Pour la suite, Pierre compte poursuivre tranquillement son chemin artistique : « Je vais continuer à faire des petites expositions à droite à gauche, ça me convient très bien comme ça. On bouge pas mal avec mon épouse, on va souvent en Espagne et au Maroc, et je ne veux pas avoir d’obligations par rapport au dessin ». Tels sont les artistes : des esprits libres ! Merci, Pierre !

Pierre Lafontaine