Philippe Ascaso, l’homme qui murmurait à l’oreille des purs-sangs…

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philippe ascazo

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C’est à Garlin, en Nord-Béarn, dans le haras de Numa, que vit Aryan El Thessa, prince en son sérail… Entouré de sa cour de juments, amoureusement choyé par son propriétaire Philippe Ascaso, ce pur-sang arabe est un des étalons français les plus prisés de sa race. Le secret de son succès ne tient pas à la vélocité de son galop, ni non plus à sa capacité à franchir de hauts obstacles… Car Aryan est de ces chevaux dont on apprécie la beauté dans les concours dits de « Modèles et Allures ». Philippe Ascaso, maître du domaine de Numa, a accepté de nous recevoir et de nous parler de son métier d’éleveur.

Béarn Mag : En 2015, vous avez été titré « meilleur éleveur de France ». Cette distinction, vous la devez bien entendu à Aryan, dont le patrimoine génétique, selon toutes vraisemblances, relève de l’exceptionnel, mais vous la devez également à votre parcours…

Qu’est-ce qui vous a décidé à devenir éleveur ?

Philippe Ascaso : C’est une histoire qui remonte à mon adolescence, quand j’avais treize ou quatorze ans. J’habitais sur les coteaux de Jurançon, et j’avais déjà un cheval, d’origine espagnole. Un de nos voisins avait un pur-sang. Quatre ans plus tard, mes parents répondaient à mon souhait d’en obtenir un… Et c’est à ce cadeau que je dois la suite de ma carrière ! À 21 ans, je partais aux États-Unis travailler dans un élevage de purs-sangs, spécialisé dans les concours modèles et allures. Quatre ans plus tard, je devenais manager dans une écurie privée en Belgique. J’ai travaillé ensuite en Italie, assez longuement, puis en Arabie Saoudite et en Égypte…

Quelle est l’histoire de votre rencontre avec Aryan ?

C’est un étalon que j’ai acheté quand il avait deux ans, il en a aujourd’hui 14. Au départ, je cherchais une jument d’une lignée qui n’existait pas forcément en Europe. Si l’on croise trop longtemps des chevaux d’une même lignée, il y a des risques de consanguinité, et il faut de temps en temps apporter du sang neuf, d’où mon idée d’importer un cheval d’une autre lignée mais qui soit de qualité égale aux autres. Par hasard, pendant un concours, je suis passé devant le box d’un cheval qui m’a immédiatement attaqué à la grille. J’ai été interpellé, il m’a tout de suite rappelé une jument que j’avais travaillée aux États-Unis, et qui était elle aussi très agressive. En fait c’était sa tante ! C’est ainsi que j’ai rencontré Aryan…

Comment est-il devenu le reproducteur recherché qu’il a été ensuite ?

Aryan a fait des concours au niveau mondial, mais il a toujours été une sorte de Poulidor, il était éternel second. En revanche, ses poulains, eux, ont brillé ! Cette année, le champion de France et le vice-champion de France Modèles et allures sont tous deux des enfants d’Aryan, et ils ont tous deux été élevés ici, à Garlin. En fait, le succès d’Aryan est surtout un succès de reproducteur : en France, depuis l’ouverture du studbook, c’est la première fois dans l’histoire qu’un pur-sang arabe saillit dans le monde entier. Aryan a eu des poulains aux États-Unis, en Australie, dans certains pays arabes… Aujourd’hui, il a plus de 200 descendants.

À quoi tient la beauté des pur-sang ?

Les purs-sangs arabes sont réputés être plus fins, plus racés, et c’est vrai que si on a l’habitude de ne voir que d’autres chevaux, on est saisi par leur tête d’hippocampe et leurs traits marqués… Ce sont des chevaux plus petits aussi, ils peuvent parfois avoir la taille d’un poney, mais comme ils sont équilibrés ils ne paraissent pas petits…
J’aime cette race là parce que ce sont des chevaux très proches du cheval sauvage du point de vue du caractère. Impossible d’établir un rapport de force avec un pur-sang ! Le rapport avec lui, c’est un rapport de partage… Et qu’est-ce qui fait d’un pur-sang un champion des concours modèles et allures ? Le cheval doit répondre à certains critères, il doit s’inscrire dans un carré, avoir une belle hauteur de jambes, une certaine finesse, petites oreilles en croissant de lune, des yeux très noirs, expressifs, une tête courte… Ensuite tout est dans l’attitude ! Et les chevaux, pour les concours, sont préparés, ils sont tondus, maquillés, on a des huiles sèches pour faire ressortir les zones autour des naseaux et des yeux. Le rôle de l’éleveur, pour la musculature et l’allure, est primordial. Le travail d’éleveur, en fait, pour les modèles et allures, c’est un peu comme le scouting pour les agences de mannequin : trouver les chevaux qui ont du potentiel, et exprimer ce potentiel. Et cela passe beaucoup par le fait d’établir une vraie relation de partage et de confiance avec le cheval…

Pour en savoir plus : www.tchaata.com