On aurait pu croire que le « scandale » autour du drapeau européen accroché seul à l’arche de triomphe éclipserait tous les autres en ce début d’année 2022. On se serait trompé. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a mis la barre haut. En affirmant, dans la presse, qu’il avait « très envie d’emmerder » les non vaccinés, et pire peut-être, en disant d’eux « qu’ils n’étaient plus des citoyens », le Président de la République a mis le feu aux poudres…
De la première phrase, on pourrait dire qu’elle relève, tout du moins, de l’aveu : que la politique sanitaire du gouvernement consiste, depuis quelques mois, a effectivement « emmerder » les non vaccinés, ce n’est pas une découverte. Mais de la seconde en revanche… On peut en effet tout à fait considérer que, sachant ce que l’on sait aujourd’hui des bienfaits que l’on peut tirer de la vaccination, lesquels sont désormais appuyés d’études nombreuses et concordantes, ne pas se faire vacciner relève de l’irresponsabilité vis-à-vis du collectif. N’en est-on plus citoyen pour autant ? Non. Et cela pour une raison très simple : il n’existe aucune loi permettant de déchoir quelqu’un de sa citoyenneté du fait qu’il ne veut pas se faire vacciner.
Emmanuel Macron déporte donc dans un cadre moral ce qui est encadré, en France, par une construction légale. En tant que garant des institutions, il outrepasse sans nul doute son rôle. Pire : sur le plan stratégique, la formule n’a pas aidé les parlementaires à entretenir un débat serein au moment des discussions sur la nouvelle loi sanitaire proposée par le gouvernement. Que cherche donc Emmanuel Macron ?
D’aucuns de dirent que ce qu’il recherche, c’est de créer une ligne de fracture qui rebattra les cartes de la présidentielle à venir, et conduira chacun des candidats à se positionner. Encore une fois, ce serait un tort : un président, même en campagne, reste le président de tous les Français, et Emmanuel Macron, dans cette expression très « libre » de son opinion, n’en donne pas l’impression. Il n’est pas dit d’ailleurs que sa tentative lui portera chance, et beaucoup de commentateurs ont avancé qu’il s’est mis, par cet interview pour le Parisien, peut-être lui-même un caillou dans sa chaussure. Il sera difficile de mesurer l’effet de cette prise de parole, mais une chose est certaine pour nombre de nos concitoyens : un président ne devrait pas dire ça…