Bon, les jeunes, que vous dire ? Dérèglement climatique, disparition progressive de la biodiversité, dettes en inflation constante, pénurie des ressources : vous devez nous prendre, nous, les générations plus anciennes, pour de sérieux branques. Les neurosciences ne sont pas de votre avis. Apparemment, ce n’est pas nous qui faisons n’importe quoi : c’est notre cerveau !
Et même plus particulièrement une partie en particulier de notre cerveau : le striatum. C’est l’endroit, dans notre tête, où se trouvent la majeure partie de nos récepteurs à la dopamine. Comment ça fonctionne tout ça ? C’est simple : quand on entreprend certaines actions dans notre existence, comme manger, par exemple, ou faire de l’exercice, notre cerveau déclenche une petite décharge de dopamine, qui nous procure du plaisir, pour nous expliquer qu’on a bien fait de faire ça, et qu’on devrait même, à l’avenir, continuer de le faire. C’est le fameux circuit « Récompense – Renforcement »…
Et ce circuit a globalement, jusqu’à aujourd’hui, fait son job. C’est lui qui nous incitait, dans les temps préhistoriques, à prendre des risques à la chasse parce qu’on savait qu’on pouvait en tirer un bénéfice substantiel. Et immédiat. Surtout immédiat. Voilà, d’ailleurs, le problème…
La recherche de l’immédiateté de la récompense, c’est un des principes du système « Récompense-Renforcement » : on veut notre « dose » le plus rapidement possible, et tout ce qui serait de nature à la différer est vécu comme une frustration. Or, aujourd’hui que les actions humaines ont une incidence notable sur la possibilité même, pour l’humain, de vivre convenablement sur la planète, ce mécanisme neurologique trouve ses limites. Agir pour limiter son influence sur le climat, c’est sur le long-terme, et le long-terme, c’est une récompense pour « dans longtemps ». L’ennemi de nous-même, ce n’est donc pas l’autre, c’est nous. Et il va bien falloir finir par conclure un pacte avec cet « ennemi de l’intérieur ». Les jeunes générations auront, davantage encore que leurs aînés, à apprendre à mieux se défendre contre elles-mêmes, car c’est là que réside leur meilleure chance de survie. Cela ne sera pas simple, mais le secret de la continuité de l’espèce se trouve heureusement, lui aussi, dans notre cerveau : on l’appelle « la rationalité ». Voilà sans nul doute un allié qu’il faudra, à l’avenir, choyer davantage que tous les autres…