À l’occasion de la sortie d’un livre relatant ses nombreux voyages, le Mag a papoté avec Michel Maliarevsky, journaliste indépendant qui a vadrouillé autour du globe pendant plus de cinquante ans.
Grâce à son métier, Michel a visité de très nombreux pays pour réaliser tout type de reportages. Il en a ramené plusieurs kilos de souvenirs, qu’il livre aujourd’hui avec un petit truc en plus : sa sensibilité d’artiste.
Michel, comment avez-vous atterri en Bigorre ? « J’étais à Paris au début des années 2000 quand le numérique est arrivé. Tous les magazines pour lesquels je bossais ont mis la clef sous la porte, et je me suis retrouvé en pleine galère. Paris était la ville qui comptait le plus de journalistes au mètre carré, ça devenait la guerre, je n’avais plus un rond et un gros loyer à payer… Après une histoire assez rocambolesque, j’ai rencontré un vieux pote qui a une galerie dans le Gers ; j’ai passé quelques jours chez lui, une Tarbaise est venue pour un vernissage, et hop ! je suis devenu Tarbais il y a douze ans (rires) ! »
Dans son nouveau livre Le Monde en bandoulière, Michel raconte cinquante ans de voyages : « C’est un livre qui relate mon demi-siècle de balade un peu partout et nulle part, avec des histoires baroques, étranges, amusantes… Il compile des reportages que j’ai publiés dans une cinquantaine de magazines comme Géo, Le Figaro, Le Monde, Télérama, mais aussi des magazines allemands, suisses, espagnols, etc. » Parmi les pays que vous avez visités, avez-vous une préférence ? « Un de mes lieux favoris est les Açores, c’est un endroit insolite avec des gens extraordinaires. J’aime beaucoup le Cap-Vert, Haïti ; j’ai beaucoup traîné en Scandinavie, Norvège, Finlande… J’aime autant le chaud que le froid ».
Michel a de très nombreuses flèches à son arc artistique : il écrit, fait des photos, réalise des collages, des montages, des films, des musiques… À Tarbes, on a pu lire ses articles dans la Nouvelle République pendant une dizaine d’années. « Je fais de la musique depuis que j’ai vingt ans. J’ai composé plus de 1100 morceaux, ce qui correspond à plus de 3,5 jours de musique (rires) ! J’ai fait des concerts où je jouais un peu de tout : harmonica, claviers, guitares, je chantais… La musique est vitale pour moi ». Entre toutes ces activités artistiques, laquelle préférez-vous ? « Je ne sais pas… C’est un tout. La musique abolit le temps, alors que quand on fait de la photo, le temps passe très, très lentement. On m’a dit que ma principale qualité était de faire des tas de trucs différents, et que mon principal défaut était de faire… des tas de trucs différents ! (rires) »
Au cours de ses voyages, Michel a vécu des anecdotes inoubliables : « Il m’est arrivé une histoire complètement folle en Haïti. Un ami m’avait arrangé un rendez-vous avec René Préval, le président de la République qui venait juste d’être élu. Le problème, c’est que j’avais fait un mini-naufrage en Colombie et toutes mes fringues étaient pourries. Pour aller au palais présidentiel, on m’a prêté un costard de 1,90 m, des pompes de taille 52 sans chaussettes (rires)… J’avais les cheveux très longs, j’étais brûlé par le soleil, je ressemblais à un surfeur californien ! Au palais, je me suis retrouvé en face du président, et à ce moment-là, on m’a dit que son entourage avait oublié de le prévenir de ma venue. C’était un peu étrange… Pendant cet entretien, il y avait aussi des Américains ; à un moment, le président s’est fâché avec eux, il s’est levé et il est parti. Je l’ai suivi, je me suis présenté, il m’a dit “Ah oui OK, je vois”, car j’avais déjà écrit plusieurs articles sur Haïti. On a fumé un clope ensemble, on a discuté, il m’a dit “Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?”. J’ai répondu que je n’avais pas de permis, et il m’a prêté une voiture avec chauffeur pendant une semaine. C’était un moment magique ».
Dans son livre, Michel explique que grâce à ses voyages, il a vécu une enfance dont il avait été privé : « J’ai passé quatre ans en pension dans un truc épouvantable. Une fois, personne n’est venu me chercher : mes parents étaient loin, ma grand-mère était hospitalisée, et je me suis dit : “Un jour, mon gars, tu ne seras plus jamais enfermé”. Adulte, j’ai essayé de vivre cette enfance que je n’avais pas eue ». Un petit mot pour conclure, Michel ? « J’aime bien citer l’aphorisme de Boris Vian : “Cette histoire est vraie parce que je l’ai inventée”. Je trouve ça vachement intéressant. Qu’on me croie ou pas, je m’en fous : je suis bien content d’avoir vécu tout ça, et si ça peut faire marrer les gens, c’est le principal ! » Amis lecteurs, n’hésitez pas à contacter cet auteur pas comme les autres pour avoir plus d’infos sur son livre, ou tout simplement pour lui envoyer un petit mot. Merci, Michel !
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Tél. 06 20 99 76 17