L’Usine est le gigantesque complexe sportif qui a ouvert tout récemment ses portes dans le quartier de l’Arsenal, à Tarbes. En entrant dans ce temple du sport, on remarque immédiatement l’immense mur d’escalade, impressionnant édifice de 19 mètres de haut. Devant cette colossale falaise artificielle, la rédac hésite : grimper à toute berzingue et à la force des bras ce monument titanesque, ou discuter avec Romain Cabessut, chef ouvreur et responsable technique de l’Usine Escalade ?
Finalement, pas de grimpette pour nous, mais nous n’avons rien perdu au change : nous avons passé un moment très agréable en compagnie de Romain, avec qui nous sommes revenus sur son parcours et sur le travail qu’il accomplit à l’Usine. Nous avons également parlé de la passion qui l’anime : l’ouverture en escalade, ou comment créer de nouveaux itinéraires.
Romain est originaire de Toulouse, où il a attrapé très tôt le virus de l’escalade : « J’ai commencé à 11 ans, nous raconte-t-il, et j’ai tout de suite fait de la compétition. J’ai été en équipe de France Jeunes pendant six ans : j’ai fait des compétitions européennes et internationales, puis j’ai continué en senior jusqu’à 25 ans ». Là, Romain bifurque vers l’ouverture, c’est-à-dire la création et la mise en place des itinéraires et des prises : « Mon métier, c’est ouvreur, explique-t-il. J’ai passé les premiers niveaux des brevets fédéraux, et en 2011 je suis devenu ouvreur international ». Romain ouvre les voies ; autrement dit, il invente un itinéraire pour la compétition : son rôle est d’imaginer à chaque fois de nouvelles voies à partir d’un mur vide. « Il faut que les grimpeurs arrivent sur des voies qu’ils ne connaissent pas, qu’ils n’aient jamais essayées. Le but est d’inventer des passages et d’en évaluer la difficulté en connaissant les meilleurs grimpeurs du monde, afin de les départager au mieux ». Avant de rejoindre l’Usine, Romain était ouvreur indépendant : « Je bossais sur les compétitions nationales et internationales, je passais mon temps à voyager, j’ouvrais entre 15 et 20 compétitions par an, dans quasiment tous les formats qui existent : j’ai ouvert quatre championnats du monde, une quinzaine de coupes du monde, et aussi les premiers JO d’escalade l’an dernier, à Tokyo ».
Aujourd’hui, Romain a pris un nouveau virage professionnel en venant travailler à plein temps à l’Usine : « J’arrivais à un point où j’avais envie de changer de rythme de vie. À présent, j’ai une famille, deux petites filles, j’avais envie de me poser un peu ».
« Quand j’étais jeune, il y avait une salle d’escalade juste à côté de chez moi, à Toulouse, raconte Romain, et j’y allais très souvent pour m’entraîner. J’y ai rencontré des gens qui faisaient le métier d’ouvreur : ils créaient des passages, et ça m’a tout de suite intéressé de découvrir les coulisses. J’ai commencé avec des ouvreurs expérimentés qui m’ont appris le métier. Le fait d’être à la fois compétiteur et ouvreur est très intéressant : il y a une forte interaction entre les deux. J’ai rencontré les bonnes personnes qui m’ont fait rentrer dans ce tout petit milieu : il y a une quinzaine d’années, il y avait à peine une dizaine de personnes qui faisaient ça dans le monde entier ! Ils ont été contents de mon travail, je suis resté dans le circuit, et j’ai monté les échelons… » Depuis dix ans, Romain habite les Hautes-Pyrénées, dans le secteur de Lannemezan, Montréjeau, La Barthe-de-Neste… « Je me plais beaucoup ici. J’adore les activités outdoor : je fais de la montagne, du parapente, du ski, de l’escalade en extérieur… C’est génial, d’habiter là ! Quand j’habitais Toulouse, je partais tous les week-ends dans les montagnes pour grimper ».
Le mur d’escalade de l’Usine est l’un des plus grands d’Europe : « La seule structure équivalente que je connaisse est à Innsbruck en Autriche, où j’ai aussi travaillé. Mais des murs comme ça, il n’y en a pas beaucoup », assure Romain. Depuis son ouverture le 19 février, la salle a connu un très bon démarrage : « On a eu énormément de passage pendant les deux premières semaines, plus que ce à quoi on s’attendait, surtout dans la tranche 12-25 ». Le week-end du 7 et 8 mai, l’Usine a accueilli sa première vraie compétition d’escalade, le championnat régional de difficulté jeunes, seniors et vétérans : « En parallèle, précise Romain, il y a eu aussi les 25 ans du « Top des petits grimpeurs », l’une des plus vieilles compétitions organisées en France, qui est destinée aux poussins et benjamins (U12 et U14) ». L’Usine n’a pas d’école d’escalade spécialement dédiée : les clubs de la ville utilisent la structure avec leurs encadrants et leur fonctionnement propre, et l’Usine Escalade propose également des cours au public. « Nous proposons des cours à la carte d’une, deux, voire trois personnes maximum. Ce projet a été porté par la ligue, c’est un projet fédéral. Le point fort de cette salle est de permettre l’accès aux clubs, et d’être aussi ouverte au public ». L’Usine Escalade regroupe un noyau de six personnes : outre Romain, on retrouve Camille à l’accueil, Lison à la com et Mélanie au développement informatique. Clément, lui, est moniteur d’escalade ; quant à Théo, il s’occupe de la partie marketing, démarchage des clubs et des partenaires.
Chers amis lecteurs, la grimpette vous démange ? Vous avez envie de vous livrer aux joies de l’escalade en toute sécurité ? Alors sachez que l’Usine peut devenir votre petit paradis. Les tarifs sont très attractifs et des solutions vous sont proposées quels que soient votre niveau et votre âge: « On propose à ceux qui n’ont jamais grimpé de commencer par les espaces de blocs. Pour les débutants, il suffit d’une paire de chaussures d’escalade (avec possibilité de la louer sur place, ndlr) pour pouvoir grimper librement, puis on les emmène à gagner en autonomie afin de se diriger vers le grand mur ». Ça vous donne envie ? Vous vous sentez de taille à affronter le mur titanesque de 9000 (!) prises ? Venez grimper à l’Usine !
L’Usine
15 avenue des Forges à Tarbes
Du mardi au samedi : 10h30 à 22h
Le dimanche : 10h30 à 20h
usine-escalade.com