Alors que l’épidémie de Covid-19 se répand dans le monde entier, les scientifiques cherchent toujours à identifier la source du virus. Les soupçons des autorités sanitaires se portent sur le pangolin, très prisé en Chine pour ses écailles. La maladie ayant été vraisemblablement transmise par cet animal, peut-elle aussi passer par nos petits compagnons ? On fait le point.
Depuis le début de l’année, le coronavirus – et plus spécifiquement le Covid-19 – affole la planète avec plus de 90 000 cas confirmés et 3 000 décès dans près de 70 pays. Les coronavirus sont en fait une famille de virus qui affectent les voies respiratoires et causent des maladies allant du simple rhume aux syndromes graves comme le Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) ou le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). Ils touchent plusieurs espèces animales et peuvent, entre autres, atteindre l’homme ou lui être spécifiques. À l’heure actuelle, une question demeure : quelle est l’origine de la maladie ? Si les résultats de l’enquête ne sont pas encore concluants, l’hypothèse d’une zoonose, c’est-à-dire d’une transmission par l’animal, semble se confirmer ; les premières personnes infectées ayant toutes fréquenté le marché aux bêtes de la ville de Wuhan, en Chine. De là à considérer nos boules de poils comme de potentiels vecteurs…
Le coronavirus a une durée de vie à l’air libre très limitée : seulement quelques heures sur une surface inerte sèche selon l’institut Pasteur. Pour survivre, il doit donc infecter un hôte. Dans une majorité de cas, il s’agit de chauves-souris. Toutefois, certaines formes de coronavirus peuvent aussi franchir la barrière interespèces et se contracter chez les chiens, les chats, les oiseaux, les ruminants, les dromadaires et les porcs, d’après l’Agence nationale de la sécurité sanitaire. Dans le cas du nouveau coronavirus, c’est également la chauve-souris qui se place en suspect numéro un, même si le virus a probablement été transmis à l’homme via un hôte intermédiaire : pangolin, civette ou serpent.
Le 28 février, à Hong Kong, un chien était testé positif au coronavirus. Un cas qui a suscité la peur de nombreux propriétaires d’animaux, mais qui n’inquiète pas les spécialistes. Interrogée par le magazine Sciences et Avenir, le Dr Sophie Polder, vétérinaire et chercheuse à l’école vétérinaire d’Alfort, relativise. « Effectivement, les autorités sanitaires ont repéré le virus dans les cavités nasales et naso-pharyngées, et en faible quantité sur un chien qui va parfaitement bien mais qui vit chez une personne atteinte par le SARS-Cov-2 ». Un fait qui s’explique facilement. « Il peut dans ce cas se produire un portage passif du virus après que l’animal a par exemple léché son propriétaire. Celui-ci peut aussi éternuer et l’animal renifle des gouttelettes qui viennent se loger dans les cavités nasales ».
Si certains types de coronavirus peuvent donc contaminer nos animaux de compagnie, aucun cas de transmission à l’homme n’a pour l’instant été répertorié. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime même qu’il n’existe « aucune preuve montrant que les chiens et chats peuvent être infectés par le nouveau coronavirus ». Et pour cause : les chiens possèdent leur propre coronavirus qui, s’il appartient bien à la famille des beta coronavirus comme le Covid-19, « n’entre pas dans l’organisme des humains ». Quant à nos petits félins, le risque est encore moindre puisqu’ils ne sont touchés que par des alpha coronavirus et ne peuvent donc pas être atteints par celui qui circule actuellement. La transmission d’une espèce à l’autre est beaucoup plus compliquée que la transmission interhumaine. Rien ne sert, donc, comme on a pu le voir en Chine ou en Australie, d’abandonner son compagnon ou de chercher à le faire euthanasier…