Le 3 février, un grand nom du rap français est venu donner un concert mémorable dans la capitale bigourdane. Le Mag, toujours dans les bons plans, était bien évidemment de la partie !
Voici un artiste qui n’a pour habitude ni de verser dans la demi-mesure, ni de parler à demi-mot. Retour – ou plutôt demi-tour – sur plus d’une demi-heure d’entrevue sans filtre. Et sans demi-teinte !
Demi Portion vit à Sète, la ville natale de Georges Brassens : « On a grandi avec lui, raconte le rappeur en souriant, on apprenait ses textes à l’école. Je lui ai rendu quelques hommages en musique, en reprenant par exemple Le mécréant et Bonhomme. » « Demi P » a commencé le rap à 12 ans. À force d’user l’encre de ses bics, il développe une écriture précise, efficace, et parvient à s’imposer comme l’un des rappeurs incontournables de la scène hexagonale.
À 39 ans, Demi Portion mène aujourd’hui une vie paisible au bord de la Méditerranée : « J’ai des enfants, une petite de 3 ans, je suis très casanier, très famille. Je suis à fond dans les séries, les mangas… Le PMU… Et le soir, “Affaire conclue” sur France 2… Comme un vieux ! (rires) » Chaque année, le rappeur organise le Demi Festival à Sète, un évènement sur trois jours qui rassemble le top du rap français. Comment fait-il pour fédérer autant de légendes ? « Je ne sais pas, je fais ça simplement. Au culot ! J’envoie des textos, comme j’ai fait avec Passi, les Sages Po, Ol Kainry, ATK… Humainement, c’est des pattes. »
Est-ce que l’artiste sétois connaît la Bigorre ? « Pas vraiment. On a vu qu’il y a les stations à trente minutes, mais on n’est pas équipé… Ça ferait trop Les bronzés font du ski ! (rires) » Et le futur ? Optimiste ? Pessimiste ? « …Ça dépend des moments, des endroits… Quand je vais voir mon cousin au Maroc, dans son village, on met une journée à changer son pneu. On peut passer 12 heures à chercher une rustine dans tout le village ! (rires) Il est à des années-lumière de l’actualité, l’écologie, la politique… » Quelque chose à ajouter, Demi Portion ? « Oui : on a toujours faim ». Faim ? Faim de quoi ? « On a faim de la vie. Je dirais même qu’on est sur la fin de notre vie, donc il faut savourer. » La fin de notre vie ? Mais enfin ? ! « Bah oui : Demi Portion, demi-vieux, demi-vie (rires)… Toujours faim, ça veut dire qu’il ne faut jamais lâcher l’affaire. Y a toujours une affaire, il faut juste pas la lâcher ! Aujourd’hui, j’ai envie de faire plus de choses pour les autres. Quand on t’a donné quelque chose, il faut le rendre d’une manière ou d’une autre. » L’heure tourne : il nous reste à peine le temps d’immortaliser la rencontre sur photo, et c’est l’heure d’entrer en scène.
Pendant plus d’une heure, Demi Portion a retourné les planches de La Gespe. Après le concert, il a passé un très long moment avec ses fans pour échanger, signer des autographes, prendre des photos… Nous qui avons vu passer toutes sortes d’artistes, nous avions rarement rencontré quelqu’un d’aussi humble, discret, généreux et bienveillant. Ajoutez à ça un talent brut taillé aux ciseaux du travail, et vous obtenez un spécimen tout à fait unique : un poids lourd du rap nommé Demi Portion !