Julie Puyo-Fourtine :La chimie opère

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Julie Puyo-Fourtine, jeune doctorante originaire des Hautes-Pyrénées, vient d’être récompensée du Prix Jeunes Talents « Pour les femmes et la science ». Interview.

 

Ce prix, remis par l’UNESCO et la Fondation l’Oréal, vise à soutenir et encourager les jeunes chercheuses. Nous avons parlé avec Julie de son parcours, de ses travaux, ainsi que de la place des femmes dans le milieu scientifique.

 

 Qui cherche trouve

Julie a grandi à Luz-Saint-Sauveur ; après une licence à Toulouse, elle est montée à la capitale pour sa thèse, qu’elle soutiendra en décembre prochain. Elle travaille sur les interactions entre les ions et les acides nucléiques : « Ces mécanismes sont cruciaux pour le repliement de l’ARN et pour l’activation de certains processus ; je les étudie par le biais de modélisations et de simulations numériques ». Quelles applications pourraient en découler ? « Il n’y a pas d’application directe : le but est de mieux comprendre ces interactions, pour déboucher à long terme sur des applications en biotechnologie ». Il s’agit là de recherche fondamentale : c’est une démarche qui vise à comprendre les principes de base de phénomènes naturels, sans objectif immédiat d’utilisation.

 

 La science au féminin

Julie, que faudrait-il changer selon vous pour améliorer la place des femmes dans le milieu de la recherche ? « J’aimerais qu’elles soient plus représentées. En France, 29 % des chercheurs sont des femmes, contre 32 % au niveau mondial. Elles occupent 14 % des hautes fonctions académiques en Europe, et moins de 4 % des prix Nobel scientifiques sont des femmes ». Le Prix Jeunes Talents permet de faire passer un message essentiel : « Beaucoup de jeunes filles s’autocensurent à l’idée de faire une carrière scientifique, car nous sommes très peu représentées. La médiatisation de ce Prix permet de montrer que oui, les femmes existent dans la recherche… et qu’il n’y a pas que Marie Curie ! (rires) ».

 

 Déconstruire les stéréotypes

Après sa thèse, Julie partira à l’étranger pour rejoindre une équipe de recherche pendant deux ou trois ans. L’avenir, elle l’envisage dans la recherche fondamentale, toujours dans le domaine des interactions chimiques au sein des systèmes biologiques. Quels conseils pourrait-elle donner aux chercheuses en herbe qui souhaitent se lancer dans une carrière scientifique ? « Si elles sont passionnées, il ne faut pas se poser trop de questions ; il faut qu’elles foncent, et qu’elles fassent le nécessaire pour être bien entourées. Il faut déconstruire les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge, multiplier les modèles féminins, et montrer que la science est ouverte à tous ». C’est dit !