En 2018, elle est devenue championne du monde en précision d’atterrissage. Déborah Ferrand est parachutiste, membre de l’Équipe de France dans la double discipline précision d’atterrissage et voltige, membre de l’Équipe de France militaire en précision d’atterrissage et voltige, et vol relatif. Elle pratique aussi la paraski… Entretien avec une femme qui n’a pas froid aux yeux et qui se pose régulièrement sur la terre bigourdane
Un premier saut ça marque. Pour Déborah Ferrand c’était le 3 juin 2001 à Nîmes, elle avait 18 ans : « J’étais dans l’attente de m’engager dans l’armée de l’air, je voulais savoir ce que c’était de se jeter d’un avion ». L’air qui s’engouffre, les jambes dans le vide, l’odeur du kérozène, la peur d’y aller « puis soudain le calme… Le parachute s’est ouvert, j’ai respiré un grand coup et je me suis dit : ça y est, je vole ! ». Son palmarès est incroyable, mais c’est en précision d’atterrissage que Déborah excelle, avec un saut à 1000 mètres par équipe, pour se poser au centre d’une cible mesurant 2 centimètres de diamètre. Un sport extrême qui pourtant, ne figure pas parmi les sports les plus accidentogènes : « Il ne faut pas oublier qu’on se jette d’un avion, mais je n’ai pas envie de penser à chaque fois que je vais mourir. L’aspect sécuritaire est essentiel et ce n’est pas parce qu’on a des milliers de sauts qu’il ne faut pas tout vérifier. C’est la routine qui tue ».
Le parachutisme, un sport que l’on peut pratiquer dès 15 ans et beaucoup plus tôt en soufflerie (il existe aujourd’hui une trentaine de souffleries en France, la discipline explose), à condition d’avoir dos et articulations en bon état « de façon à être abimés au fil des années à force de prendre des chocs, à l’ouverture du parachute et à l’atterrissage, sur une seule jambe ». Peu médiatisé car peu accessible, le parachutisme est un sport qui coûte cher : « Je suis militaire depuis 2001 et depuis 2004 détachée à plein temps pour faire mon sport, aujourd’hui au sein de l’Armée des champions. C’est une chance, car on ne peut pas vraiment vivre de ce sport ».
« Parfois, on aimerait avoir des ailes pour pouvoir remonter »
Déborah Ferrand fait sa troisième saison de paraski en circuit coupe du monde (avec Danielle Marquez- Ferroni, sa coéquipère, ce sont les deux seuls paraskieurs français en compétition). Elle pratique la discipline personnellement, qui combine six sauts de précision d’atterrissage sur cible inclinée entre 25 et 35° posée sur la neige, et deux slaloms géants : « Historiquement, c’était du secours en montagne. Les secouristes balançaient depuis l’hélicoptère sac, skis et barquettes, montaient pour sauter et se poser à côté du matériel, puis descendaient à ski secourir les victimes ». Côté club, Déborah est licenciée au Parachutisme Tarbes Bigorre : « Avant j’étais licenciée à Gap, puis avec Danielle nous avons monté une équipe de filles, devenue l’équipe parachutiste du club. Toutes les femmes aujourd’hui en équipe de France ont commencé avec nous ».
Inscrite sur la liste officielle des sportifs de haut niveau haut-pyrénéens, Déborah Ferrand vit dans le Jura mais saute Pyrénées : « J’ai découvert une ville et un département qui aiment leurs sportifs, les honorent, les soutiennent. C’est quelque chose de très valorisant. Ma licence à Tarbes je veux la garder, et je la revendique ! ».
Pour suivre Déborah, rendez-vous sur www.deborahferrand.com