Euridyce Bled : De l’art de remettre le clocher au centre du village…

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Si la France a hérité du doux surnom de « pays aux 36000 clochers », ce n’est pas pour rien. Dans chaque commune, ou presque, une église s’élance vers le ciel, et, chaque heure, salue le village d’un tintement sonore. A Ibos, l’entreprise Laumaillé se fait gardienne de l’intégrité de ces clochers, et des cloches qu’ils renferment. On a rencontré sa présidente, Eurydice Bled, pour en parler.

Et l’on a découvert un métier passionnant, assez loin de ce que l’on imaginait qu’il était. Eurydice Bled, aux commandes de Laumaillé depuis deux ans environ, après que son prédécesseur, Vincent Laumaillé, lui en a remis les clés, précise : «Le cœur de notre activité, c’est l’entretien et la maintenance des systèmes campanaires. C’est-à-dire que l’on s’assure, pour les gens qui font appel à nous, que les cloches sonnent comme il faut, aux heures qu’il faut, et qu’elles ne mettent pas en danger l’intégrité du clocher.»

Des clochers par centaines !

On n’imagine pas le travail que cela représente ! Actuellement, Laumaillé compte quelque 1500 contrats d’entretien répartis sur la grande moitié sud de l’hexagone, contrats qu’elle honore en rendant visite au moins une fois par an à chacun des lieux concernés. « Pour ce qui concerne les clochers, on restaure plus souvent ce qui est autour de la cloche que la cloche elle-même. La cloche, c’est un objet d’art : moins on y touche, mieux c’est ! S’il faut la remplacer, on la remplace, mais l’on s’occupe surtout de la restauration des jougs, c’est-à-dire du contrepoids de la cloche, des brides quand elles sont abîmées ou desserrées, des volants de sonnerie, et des systèmes électro-mécaniques dont dépendent aujourd’hui pratiquement toutes les sonneries de France : ici, on a des personnes qui sont compétentes en charpente, d’autres en systèmes électro-mécaniques, et l’on est beaucoup sur les routes avec des camions-ateliers permettant de faire de petits travaux d’entretien si nécessaires lors de nos passages.» explique Eurydice.

Noblesse de cloche

Naturellement, l’entreprise est aussi partie prenante de projets de création ambitieux, auxquels elle peut apporter son expertise pluri centenaire. « Laumaillé, à l’origine, c’était une fonderie installée à Tarbes autour du XVIe siècle. Aujourd’hui, nous ne fondons plus de cloches, on a une entreprise partenaire qui le fait pour nous, on est plutôt expert de ce qui concerne le beffroi [ndlr : la structure charpentée, indépendante de la charpente du clocher, qui soutient les cloches à l’intérieur de celui-ci]. » Si l’entreprise Laumaillé ne fond plus de cloches, en revanche, elle en conçoit (!), et accompagne des églises renommées dans leur entreprise de restauration. Actuellement, la mythique abbaye royale de Fontevraud, entre autres exemples, fait appel à ses services, pour la reconstitution d’un carillon qui devrait habiter d’ici quelques années son beffroi. « On a réalisé déjà deux cloches, la cloche Aliénor et la cloche Richard [ndlr : les gisants d’Aliénor d’Aquitaine et de Richard Cœur-de-Lion sont tous les deux à l’abbaye]. Il en reste à faire, et on a notamment en prévision la création d’un bourdon de 4,7 tonnes.»

Balèze.

Coup de foudre

Certes, il y a les cloches, mais Laumaillé est également versée dans d’autres activités, comme le chauffage de grands volumes (une nef d’église, par exemple ?), la conception de gigantesques cadrans d’édifice, et la protection foudre. « Historiquement, c’est le campaniste qui protégeait le clocher de la foudre, le clocher étant généralement le point le plus haut de la commune » explique Eurydice. « On installe toujours des paratonnerres, mais également des système anti-foudre, directement sur les compteurs électriques, pour court-circuiter les survoltages. On officie dans les bâtiments religieux, dans les entreprises et les usines. Aujourd’hui, cela représente près de la moitié de notre activité. »

Cloche durable

Laumaillé compte aujourd’hui 24 salariés, une succursale à Beaurepaire en Vendée (Lussault) et un office dans l’agglomération de Montpellier. L’avenir, elle le conçoit dans la continuité d’une activité noble et belle, elle qui a été labellisée cette année « Entreprise du Patrimoine Vivant », même si les temps sont à la gestion immédiate des difficultés qu’a posées, comme presque partout ailleurs, la crise du coronavirus. Eurydice Bled, jusqu’ici bien connue en territoire béarnais pour son engagement politique en faveur de l’écologie, réfléchit également à accroître l’implication de l’entreprise dans le développement durable, bien que la chose ne soit pas forcément simple quand l’activité nécessite, comme celle de Laumaillé, de longues heures de déplacement sur les routes de France. La durabilité de l’entreprise, à tout le moins, ne saurait être mise en défaut : ses siècles d’existence plaident pour elle. Et tant qu’il y aura des clochers, on aura besoin de campanistes, n’est-ce-pas ?

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www.laumaille.com