Jean le dernier paysan face aux Pyrénées : Rencontre avec Jean-Paul Abadie

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P08 Jean Paul Abadie 01 min

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Voici un livre passionnant qui témoigne, à travers la vie du héros Jean Dussenty, de ce que fut le quotidien des paysans bigourdans au cours du XXe siècle. Jean-Paul Abadie signe là un formidable travail qui nous permet de plonger dans une époque aujourd’hui révolue, celle de Jean le dernier paysan.

 

Jean le dernier paysan face aux Pyrénées n’est pas un roman : c’est un récit qui retrace l’histoire de Jean Dussenty, paysan bigourdan qui a travaillé toute sa vie avec des vaches Gasconnes. Grâce à un gros travail de recherche, Jean-Paul Abadie livre à travers cet ouvrage un récit poignant dans lequel on découvre ou redécouvre une partie de l’histoire de la paysannerie bigourdane.

Jean-Paul Abadie : l’auteur

Jean-Paul a grandi dans le monde rural : « Je suis fils d’agriculteurs, raconte-t-il, j’ai été élevé avec mes grands-parents qui étaient paysans ». Après des études agricoles et agronomiques, il a enseigné la physique et la chimie organique, puis a travaillé sur les conséquences de la pollution industrielle avant de s’occuper d’environnement au sein du Conseil départemental. Tout au long de cette carrière bien remplie, il trouvait le temps d’écrire pour diverses revues et journaux : « J’ai travaillé en tant que pigiste pour Cheval Magazine, Atlas, la revue d’Air France, Grands Reportages, la Dépêche, la Nouvelle République… Je fournissais des articles avec photos ». C’est en 2015 que Jean-Paul sort son premier livre, Les Hautes-Pyrénées de mes grands-parents aux éditions Cairn, qui eut un très gros succès : « Il a été épuisé tout de suite, se rappelle-t-il. L’année d’après, j’ai écrit un nouvel ouvrage, Le sport dans les Pyrénées de mes grands-parents, aux éditions Cairn également ». Même s’il est bien sûr inspiré par les grands noms de la littérature française, Jean-Paul s’inscrit dans un certain courant : « Ceux qui m’ont donné envie d’écrire sont Claude Michelet, Christian Signol, et tous ces écrivains ruraux qui décrivent leur réalité ».

Jean Noël Dussenty : le héros

À Campistrous, petit village situé à l’est de la Bigorre, Jean Dussenty et Jean-Paul Abadie étaient voisins : « Jean savait que je faisais des photographies, raconte Jean-Paul, et quand il fut sur le point de se séparer de ses deux dernières vaches, il m’a demandé de les photographier. C’était un samedi de décembre ; je l’ai pris en photo avec sa femme Marie, avec les vaches, puis on est allé dans un champ qu’il aimait bien : là, il s’est posé, et il a longtemps regardé la chaîne des Pyrénées sans bouger…  Une émotion m’a pris. Je n’ai pas pu faire de photo. Il est resté là, sans parler : les vaches attendaient, le chien se demandait ce qu’il se passait. Puis j’ai fait quelques clichés. C’était la dernière fois qu’il sortait avec ses vaches, c’était très émouvant ».

Pourquoi ce livre ?

« J’avais fait une cinquantaine de photos mais je n’avais pas eu le temps de les légender, se souvient Jean-Paul. Puis Jean est mort en 2000 ; sa femme l’a suivi l’année d’après, et la ferme a été vendue. Il y a trois ans, j’ai commencé à travailler sur ces photos et je me suis dit : pourquoi ne pas raconter l’histoire de Jean, et l’histoire de cette agriculture aujourd’hui perdue ? » Là débute un travail de longue haleine : Jean-Paul décide d’écrire le plus précisément possible l’histoire de Jean Dussenty. Après avoir fait des recherches généalogiques, il a rencontré des personnes qui l’ont connu ; grâce à leurs témoignages et souvenirs, l’écrivain a pu retracer petit à petit la vie du « dernier paysan ». Au fait, pourquoi ce titre ? « Jean Dussenty est vraiment le dernier paysan de mon village, explique Jean-Paul. Il a été le dernier à avoir travaillé toute sa vie avec des vaches sans jamais passer à la mécanisation ».

Cap sur demain !

Se pourrait-il qu’il se dégage de ces pages un parfum de nostalgie ? « J’ai beaucoup de témoignages de lecteurs, poursuit Jean-Paul. Les gens me disent « J’ai lu le livre, j’ai pleuré, puis je l’ai relu… ». Ma maîtresse d’école, qui a 92 ans et qui a été la première à qui je l’ai offert, m’a appelé pour me dire qu’elle était en larmes en le lisant ; elle me demandait comment j’avais pu écrire quelque chose d’aussi précis. Et ça, ça vaut tous les prix Nobel du monde ! ». Si la disparition d’une époque peut donner naissance à un certain spleen, il est important de préciser que Jean-Paul Abadie a tenu à conclure son livre par une touche d’optimisme : « Je connais beaucoup de jeunes qui retournent sur les propriétés de leurs parents et grands-parents. Ils travaillent des produits locaux, diversifient les productions, visent la qualité et le respect de la terre… Ça fonctionne bien, ça correspond à une nouvelle façon de voir les choses. Ce livre m’a donné l’occasion de rencontrer plein de jeunes qui m’ont redonné espoir, des jeunes qui veulent emprunter un autre chemin que la mécanisation à l’extrême et l’endettement ».

Lecteurs du Mag, nous ne pouvons que vous encourager à vous procurer ce livre passionnant et rigoureusement documenté : les faits y sont précis, la plume est de qualité, et l’émotion est au rendez-vous. Jean le dernier paysan face aux Pyrénées est disponible dans plusieurs points de vente bigourdans ; si vous ne le trouvez pas à côté de chez vous, n’hésitez pas à contacter directement l’auteur qui se fera un plaisir de vous répondre. Jean-Paul, merci pour cet entretien et pour cet ouvrage unique !

06 83 87 01 57

jeanpaul.abadie@gmail.com

www.jeanpaulabadie.free.fr