En juin dernier, Cédric Ballarin s’envolait pour un long voyage à l’autre bout de la planète. Son but : apprendre les gestes de premiers secours aux populations locales. Voici l’histoire de son périple.
« Celui qui revient d’un voyage n’est jamais le même que celui qui est parti ». Ce proverbe chinois est tout à fait vrai : le Mag avait rencontré Cédric à la veille de son départ, et nous sommes en mesure d’affirmer qu’il est aujourd’hui totalement différent.
Cédric est pompier depuis 27 ans. Il travaille à l’aéroport Tarbes-Lourdes -Pyrénées. Il y a huit mois, il a entrepris non pas un voyage mais une véritable quête, au cours de laquelle il a notamment découvert la force de la résilience : « Avant de partir, je suis passé par des épreuves personnelles difficiles. J’ai compris qu’il est possible de se relever, aller de l’avant et retrouver un sens à la vie. Les cicatrices ne sont pas des barrières, mais des leçons de vie qui font partie de nous ». Les orages qu’il a traversés l’ont poussé à agir : « Ce moment d’inconfort m’a décidé à partir. Je pensais, avec beaucoup d’humilité, aider les gens ; c’est ce que j’ai fait, mais ils m’ont aussi beaucoup aidé ». Ça colle avec ce qu’il nous avait dit avant de partir : inconfort = croissance !
En apprenant aux autres les gestes de premiers secours, Cédric s’est rendu compte de l’importance de la transmission : « Chaque personne peut sauver des vies avec des gestes simples. En revenant à Tarbes, je me suis dit que le plus beau était de donner sans intention de recevoir ». Au cours de son voyage, il a pu former une centaine de personnes, en prenant toujours soin de s’adapter à chaque type de situation. Il a aussi rencontré des collègues du monde entier : « Dans chaque pays, j’ai visité les casernes. Ça m’a permis de constater qu’on est quand même très bien logés en France, même si certaines de nos casernes sont un peu vétustes ». Récemment, Cédric a été élu « Bigourdan de l’année » par nos confrères de la Semaine des Pyrénées : « Ça me permet d’expliquer à quel point les gestes de secourisme sont importants : si demain l’un de vos proches est en danger, vous pouvez devenir le premier maillon d’une chaîne de secours qui permettra de sauver une vie ».
Pendant ces sept mois de voyage en solitaire, Cédric a traversé de nombreux pays : Inde, Himalaya, Pakistan, Chine, Népal, Bhoutan, Thaïlande, Cambodge, Laos, Vietnam, Japon, Malaisie… Aujourd’hui, il est un homme nouveau. Ce voyage lui a permis d’accomplir une véritable mue : « Avant de partir, j’ai eu besoin de donner tout ce que j’avais. Je repars complètement de zéro, je n’ai pratiquement plus rien, mais je ne suis pas en difficulté pour autant : je reprends bientôt le travail, et je n’ai plus besoin de grand-chose. J’avais juste gardé ma voiture, et elle a été défoncée dans les rues de Tarbes lors d’un refus d’obtempérer ! (rires) ». C’est ce qu’on appelle le destin : la mue devait être totale ! « J’ai l’opportunité de recommencer quelque chose de différent, et je suis très heureux de ça ».
Un endroit a particulièrement marqué Cédric : « J’ai passé 45 jours dans un monastère au Népal. J’ai été accueilli comme l’un des leurs. J’ai laissé là-bas une partie de mon cœur. Je sais que j’y retournerai. Quand je suis parti, il y a eu des inondations, des tremblements de terre… C’est un pays très difficile ». Et quelle fut la pire expérience ? « J’ai fait un malaise dans les montagnes à plus de 5000 m d’altitude. J’étais dans ma chambre, et quand j’ai senti que j’allais perdre connaissance, j’ai voulu sortir ; dehors, je me suis rendu compte que je n’avais personne vers qui me tourner : pas de moyens de secours, pas de 18 à appeler… Je suis rentré m’étendre sur mon lit et je me suis dit “advienne que pourra”. Une fois remis sur pied, ça m’a encore plus motivé : vu qu’il n’y avait pas de moyens de secours, je devais apprendre aux gens sur place les premiers gestes ».
Cédric a ramené plusieurs enseignements de ce périple : « On a toujours la capacité de décider de ce que l’on fait. Quand j’ai voulu être pompier de Paris ou champion de culturisme, tout le monde me disait que c’était impossible, pourtant je l’ai fait parce que je l’avais décidé. Lorsqu’on se met en mouvement, une idée devient réalité. Ce pouvoir, on l’a tous, mais on a oublié qu’on l’avait, je ne sais pas pourquoi ». C’est un très beau message. Un mot pour conclure ? « Je voudrais remercier l’aéroport TLP et le SDIS 65 de m’avoir permis de faire ce périple. J’ai beaucoup de gratitude pour tous ceux qui m’ont accompagné et soutenu dans cette aventure ». Bien joué, Cédric !