On a peine à s’imaginer ce que cachent certains immeubles, certaines adresses devant lesquelles on passe quotidiennement… Prenez le 4 place de Verdun, à Tarbes, la porte immédiatement mitoyenne à la Mie Câline, franchissez le seuil, montez à l’étage, vous voici sur le perron d’un très bel appartement XIXe. Ça pourrait être la fin de l’histoire, si l’appartement en question n’était pas, en réalité, quelque chose comme un sanctuaire…
Sanctuaire, d’accord, mais consacré à quelle divinité, voué à quel culte ? Mais au plus noble qui soit ! A l’Art, naturellement ! Soyons précis – le thème invite à l’être : à l’art du dessin… On vous a assez fait languir, voici la résolution de cette prose liminaire : le 4 place de Verdun abrite l’Académie de dessin de Tarbes. Et, par ce fait, un certain nombre de jeunes artistes en devenir, dont le talent naissant est précautionneusement couvé – et nourri – par la prêtresse des lieux, Sophie Remy-Verdier…
Souvenirs…
Mais laissez-nous d’abord vous faire une rapide esquisse de notre visite à l’adresse sus-nommée : il nous faut, pour cela, faire travailler un peu notre mémoire, l’affaire remontant à il y a quelques mois. C’était à l’occasion des portes ouvertes de l’institution – « association », nous reprendra Sophie Remy-Verdier, « nous sommes une association » – le dimanche 22 septembre 2019. Les murs, comme il se doit, était recouverts de dessins, portraits, natures mortes, éléments d’architectures… ; sur deux tréteaux et une planche, on avait jeté un tissu bleu clair, et on avait amoncelé instruments de musique (trompettes, guitare, violon et mandoline), masques, pantins en bois articulé et livres anciens, le tout sous le regard mutin d’un gracieux faune en plâtre. Voilà ce que Sophie Remy-Verdier, ainsi que ceux qui sont du métier, nomment un « sujet » ; comprendre un sujet dont il faut entreprendre l’étude, et qu’il faut représenter par le dessin…
Étude
Le sujet en question avait réclamé une quinzaine d’heures de l’attention des élèves de l’Académie, et avait donné lieu à de beaux crayonnés, qu’il nous souvient d’avoir vu affichés aux murs… Il était destiné à ceux qui viennent là « pour le loisir » à hauteur de deux heures par semaine ; les étudiants en classe préparatoire (puisque l’Académie accueille une classe préparatoire…) sont présents, quant à eux, hebdomadairement vingt heures. Vingt heures qu’ils consacrent à leur passion, et à ce qui deviendra plus tard, pour beaucoup d’entre eux, un métier ; c’est en tout cas le but de l’institution : former des jeunes gens à l’art du dessin afin qu’ils puissent, par la suite, intégrer des écoles d’arts graphiques, de design de personnages, de films d’animation… Tous cursus nécessitant d’avoir un beau coup de crayon…
Méthode
Ce beau coup de crayon, il y a plusieurs façons de l’acquérir : la première, on l’a évoqué, c’est l’étude de sujets, que ceux-là soient complexes, comme celui décrit plus haut, ou au contraire tout simples… « Ce sont alors plutôt des choses que l’on regarde d’un point de vue documentaire » précise Sophie Remy-Verdier, « des objets que l’on met sous son nez et dont on observe comment ils sont fichus : ça peut être un fruit, un légume, des fleurs, un bijoux, etc. Tout est bon à dessiner ! ». La seconde, c’est l’observation de l’œuvre de maîtres, anciens ou contemporains : c’est pour cette raison que l’Académie dispose d’une bibliothèque ; « les élèves sont censés s’y pencher… Il y a des bouquins d’histoire de l’art, d’art graphique, de typographie, et même des livres pour enfants pour avoir des exemples de travaux d’illustrations ». La troisième, évidemment, c’est l’écoute des conseils avisés de son professeur (en l’espèce, sA professeurE) ; on a pu en profiter, au Mag, lors d’un cours donné aux « prépas » auquel on s’était convié : ils nous ont semblé être la pierre de touche sur laquelle se maintient tout le reste de l’édifice…
La clé
Si un dernier mot devait être prononcé sur l’Académie de dessin de Tarbes, il concernerait l’atmosphère de franche camaraderie qu’il semble y régner. L’ambiance est à l’image de la discipline que Sophie Remy-Verdier enseigne : elle est pour moitié faite de rigueur, pour moitié faite de magie créatrice. Le sanctuaire, pour le moins, est accueillant. Aussi, si l’envie vous prend, en amateur, de redonner vie à vos vieux crayons ; si vous êtes un jeune homme, une jeune fille, passionné-e de dessin, qui voudrait même en faire son métier ; alors sachez qu’il existe à Tarbes un endroit où vous pourrez trouver refuge. Il en est des immeubles comme des coffres à trésors ; pour accéder à leurs secrets, il suffit d’en détenir la clé. On espère que, pour ce qui concerne le 4 place de Verdun, et à l’attention des futurs dessinateurs en herbe, le présent article en constituera une…
Texte et photos / Joseph C.Lacour