En ce milieu de printemps, nous avons eu besoin d’altitude, de solitude, de quiétude, d’interlude, de plénitude, de béatitude, de positive attitude… de changer d’habitude !
À la rédaction, dès que l’on prévoit d’aller se promener en montagne, un genre de réflexe pavlovien nous fait tout de suite penser à Gavarnie, tellement sa beauté s’est imprimée pour toujours dans notre esprit dès notre toute première rencontre. C’est parti !
Un cirque est un amphithéâtre naturel ; celui de Gavarnie, de type glaciaire, est magnifique : sa faune et sa flore sont très riches, et il est même inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’arpenter est un plaisir chaque fois renouvelé, quelle que soit la saison. Hop ! On se gare sur le parking du village, on avale un triple café pour nous décoller les paupières, et l’on démarre par le sentier du Houniou, situé juste après l’église. Le chemin est charmant en cette période de l’année, et après avoir enjambé les stigmates d’une avalanche récente, nous avons fait une pause devant un paysage époustouflant : la Brèche de Roland, 2805 mètres d’altitude, était juste en face de nous. À sa gauche, le majestueux pic du Tallion (3 144 m) semblait lui faire de l’œil…
Le soleil sort enfin et l’on se réchauffe sur les cailloux tels des lézards… La neige, tombée tardivement cette année, est encore bien présente ; et d’un coup, sur le chemin, c’est l’émoi : voilà une empreinte des plus surprenantes ! Voyez la photo : immédiatement, nous avons pensé à un ours, et les scénarios se sont succédé dans le cinéma de notre imagination débordante : allions-nous rencontrer le plantigrade ? Allait-il devenir notre meilleur ami, et nous proposer de faire une balade sur son dos en chantant des chansons des Pyrénées ? Allait-il se fâcher tout rouge de nous voir arriver chez lui sans prévenir, et nous découper en menus morceaux avant de nous faire cuire à petit feu ? Calme-toi, rédacteur du Mag, et regarde donc de plus près : il semblerait plutôt que ça soit une patte de blaireau… Non ? Chers amis spécialistes de l’empreinte, merci d’écrire à la rédaction afin de désépaissir ce mystère des plus angoissant.
En descendant, nous sommes passés devant une cascade féérique, véritable décor de contes fantastiques. Quelles beautés ! Quelles richesses ! Puis nous avons rejoint le fameux plateau de la Courtade : c’est ici qu’a lieu le Festival de Gavarnie, créé en 1985 par l’acteur et metteur en scène François Joxe. À la fin de cette belle balade de trois heures et demie, nous sommes passés sur un très beau pont en pierre et nous avons eu une pensée pour Henry Russel, le célèbre pyrénéiste qui s’était pris de passion pour ce cirque. Lecteurs, sachez qu’un autre grand homme – assurément l’un des plus grands – est tombé sous le charme des paysages gavarniens : le ténébreux Victor Hugo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’en est même inspiré pour nourrir son verbe poétique : « C’est une montagne et une muraille tout à la fois / C’est l’édifice le plus mystérieux des architectes / C’est le colosseum de la nature / C’est Gavarnie. » Ah ! Ça en jette, non ?