PARLONS VRAI ! Suicide Squid

Ben oui : on a regardé Squid Game. Pas vous ? On ne sait pas comment vous êtes parvenus à échapper au délire… Bon, resituons : Squid Game, c’est une série Netflix, au succès retentissant et mondial. Sud-coréenne, elle relate les péripéties auxquelles sont liées (fictivement) plusieurs centaines de citoyens sud-coréens, ceux-là ayant choisi (volontairement) de participer à une série de jeux évoquant des jeux d’enfant. En tout, il y a 6 jeux. Le(s) gagnant(s), à l’issue des six jeux, emportent une forte somme d’argent. Les perdants sont exécutés sans sommation, au gré des jeux. Une mécanique du jeu permet par ailleurs aux participants, par un vote majoritaire, de décider s’ils veulent continuer à poursuivre le jeu, ou pas. Cette dernière mécanique, nous direz-vous, devrait assez rapidement conduire à ce que la série s’interrompe. Après tout, qui voudrait participer à un jeu dans lequel, à chaque instant, on risque de se prendre une balle dans la tête ? Sauf que… si les participants au jeu semblent avoir été sélectionnés au hasard, ce n’est pas vraiment le cas : ceux-là rencontrent tous, dans la vraie vie, des difficultés financières, et ont des dettes à rembourser. Les jeux qu’on leur propose, même s’il y a de grandes probabilités qu’ils leur soient mortels, leur offriront, s’ils gagnent, une nouvelle vie. Et donc : pas besoin de gardes armés pour vous contraindre à « rester dans le jeu », comme dans Hunger Games. Ici, c’est la vie elle-même qui vous contraint : le chômage, votre salaire minable, vos ennuis financiers… Et c’est en votant que vous donnez votre consentement à risquer votre vie dans un jeu qui vous permettra de « remettre vos compteurs à zéro » (voire à solde positif). Est-ce pour la raison qu’elle montre, façon dystopie, jusqu’à quel point seraient prêts à aller certains citoyens pour se sortir de ce que leur offre notre contemporanéité, que la série est un tel succès ? Les chaussures qu’y portent les joueurs, partout, sont en rupture de stock. Les biscuits qu’y mangent les joueurs, dans le jeu de l’épisode 3, se vendent comme des petits pains. Plus grave, dans plusieurs écoles françaises, on a trouvé des enfants en train de reproduire les règles perverses d’un des jeux de Squid Game. Bref, on a la dystopie heureuse, en ce moment. Et l’on doit reconnaître que nous, ce dernier fait, ça nous inquiète un peu. Mais enfin, si tout le monde s’amuse. C’est que le jeu doit en valoir la chandelle… Non ?