On la croise, depuis quelques mois, au Show case, au Méliès, à l’Escampette et ailleurs, avec toujours la même surprise et la même émotion…
Dans tous ces lieux où elle est invitée pour déclamer sa poésie, Camille Case ne vient jamais seule : car le slam l’accompagne. Bringuebalés dans une langue vigoureusement trempée, s’y regardent en chiens de faïence la misère et la splendeur, l’insignifiant et l’indispensable, la contemplation des petites choses de la vie vraie et la critique d’une certaine disposition de la société à marcher sur la tête… Humaniste, la poésie de Camille ? « Je n’aime pas les mots en « isme », mais humaine, oui ».
Qu’est-ce que c’est, pour vous, le slam ?
Pour moi, c’est d’abord une autre façon de se saisir de la langue. Et ce n’est pas un style, c’est une pratique ! Une pratique d’ailleurs très ritualisée… Le slam ne veut par exemple rien dire sans l’idée de collectif. (…) Tout seul, tu n’es pas slameur. Ce qui avait d’ailleurs poussé Grand Corps Malade à me dire, après que son travail a été placé sous la lumière des projecteurs : « je ne suis plus slameur, maintenant je suis chanteur de variétés… »
Une soirée slamAAV, comment ça s’organise ?
C’est ce qu’on appelle une scène ouverte, et l’événement est un rituel, le plus souvent mensuel. Le slammaster invite tous ceux qui se sont inscrits à prendre la parole tour à tour. Trois petites règles : un texte dont vous êtes l’auteur, dit a capella, autour de trois minutes pour faire de la place à tout le monde. Et s’il y a des règles, c’est évidemment pour qu’elles soient transgressées… Les musiciens qui savent improviser des accompagnements sont les bienvenus, on peut aussi venir dépoussiérer des textes d’auteurs connus…
Vous-même, vous organisez des scènes ouvertes ?
Oui, dans plusieurs lieux, notamment au Café suspendu à Billère, tous les derniers mardis soirs du mois. Avant cela, il y a un atelier (sur inscription), durant lequel je fais des propositions, pour lancer les participants dans l’écriture. J’aime accompagner adultes et enfants au seuil de leur propre esprit, de leur propre musique, de leur propre langage… je le fais aussi en milieu scolaire.
Le slam comme exercice libératoire ?
C’est un exercice de dépassement de soi, et de rencontre avec les autres. Ce qui m’intéresse dans cette pratique, c’est d’aller au-delà de la mode du développement personnel pour parvenir à un développement interpersonnel ! La démarche est à la fois expression artistique et citoyenne puisque l’on donne de la voix. Une expérience démocratique et de réhabilitation de l’écoute les uns des autres, une culture de la paix en quelque sorte.
Pour découvrir le travail de Camille Case, le mieux est encore de participer à une de ses scènes ouvertes !
Rendez-vous tous les derniers mardis soirs du mois au Café Suspendu de Billère. Pour ceux qui hésitent encore à se lancer dans l’exercice slam, il est toujours possible d’entendre Camille dire certains de ses textes sur YouTube et de la contacter via Facebook « Camille case (Slam) ».