Cela faisait un certain temps que le Mag ne vous avait plus parlé de Bouziane Bouteldja et de l’école Hip-hop Dans6T dont il est le fondateur, et qui est aujourd’hui – on l’espère – connue d’une grande majorité de Tarbais, bien que son activité ne soit sans doute pas relayée à la mesure de ce qu’elle représente. La presse locale, le Mag y compris, aurait sans doute sur ce point un mea culpa à produire. Ainsi, en guise d’introduction, et juste pour remettre les choses à leur place : Dans6T, c’est à peu près 600 licenciés, venant de Tarbes et d’ailleurs (car l’association donne également des cours à Nay, à Bagnères, à Arrau, à Vic, à Maubourguet et à Trie-sur- Baïse) ; Bouziane Bouteldja, c’est un artiste dont les chorégraphies sont présentées partout en France, quand ce n’est pas à l’international. Voilà, on sait maintenant à quelle hauteur se tient le sujet auquel on s’attaque dans cet article, et il était essentiel de le redire. Depuis plusieurs années déjà, Bouziane Bouteldja n’est plus un « artiste local ». Il a acquis, avec son spectacle Reversible puis avec les suivants, une certaine stature, pour ne pas dire une stature certaine. Et, avec le succès, est parvenu à donner à ses pièces davantage de profondeur, tout en conservant la philosophie qui est la sienne depuis ses débuts : que la danse ne soit pas une simple affaire de forme et d’esthétique, mais qu’elle dise quelque chose du vécu de ses interprètes et de la société de laquelle ceux-ci sont issus. Si les danseurs sont des corps en mouvement, les gestes qui sont les leurs ne dérivent pas de rien ; ils sont, comme leur univers mental, le fruit de conditionnements sociaux qu’il revient au chorégraphe Bouziane Bouteldja de décortiquer et de mettre en scène, lequel s’y emploie avec un certain brio…
Un homme de terrain
Chez Bouziane, ce qu’exprime la danse est intimement lié à l’histoire personnelle des danseurs, comme dit précédemment, mais aussi à leur confrontation à certains grandes notions qui passionnent le chorégraphe et qui rendent son travail passionnant : entre autres la religion, la laïcité, l’égalité, la tolérance… Tous thèmes qui sont censés – on l’espère aussi – interroger profondément absolument n’importe qui, et donc chaque spectateur ayant accès à un spectacle de Bouziane. C’est aussi probablement pour cette raison que le chorégraphe ne limite pas le champ de son activité à la production artistique, mais anime ateliers (notamment avec des scolaires), journées de formation, conférence, etc., et doit partager son temps entre Paris, Vitry-sur-Seine, Créteil, Marseille et Tarbes, où l’on réclame ses interventions.