Un artiste ne se contente pas de livrer un reflet de la réalité : il en exprime sa vision personnelle, son point de vue à travers le prisme de ses émotions, et c’est ce qui fait le charme si particulier des œuvres d’art. Bienvenue dans le monde de Yannick Legodec, chasseur d’images.
Les images de Yannick ont beaucoup tourné ces derniers temps : spécialisé dans la photographie d’aurores boréales, il a pris de magnifiques clichés lorsque des -aurores sont venues illuminer le ciel de la Bigorre, au mois de mai dernier. Et récemment, il a également été élu Photographe de l’année : excusez du peu !
Yannick a 42 ans et habite Vic-en-Bigorre. Il est tourneur-fraiseur de métier ; parallèlement, il s’adonne à la photo depuis plus de 15 ans. D’où est venue cette passion ? « À la base, j’étais fasciné par l’astronomie. Quand j’étais gamin, il y avait un bouquin dans la chambre de ma sœur avec des voies lactées, des nébuleuses… j’avais trouvé ça fantastique. Voir les aurores boréales était un rêve de gosse ». À 25 ans, le rêve est devenu réalité : Yannick s’est acheté du matériel, et il s’est entraîné à la photo nocturne dans les Pyrénées. « Quand je me suis senti prêt, je suis parti tout seul chasser les aurores boréales dans les pays nordiques. Ça a été la grande aventure de ma vie ; depuis, je suis complètement mordu ».
Depuis qu’il a goûté aux charmes des aurores, Yannick se rend tous les ans en Laponie : « C’est devenu très important pour moi. C’est un monde magique ». Là-bas, il arrive qu’il passe de longues heures à patienter dehors, alors que le mercure atteint les -30 °C : « Je bouge entre la Finlande, la Suède et la Norvège, parfois l’Islande. Il peut arriver que je fasse 9h de route pour me placer au meilleur endroit possible ». Et devinez ce qu’il fait pour photographier les aurores ? Oui : il se lève aux aurores. Yannick est également passionné par la nature et les voyages, ce qui cadre parfaitement avec son activité artistique : « Les voyages me poussent à la photo, et la photo me pousse à voyager ». Il est également adjoint à la municipalité de Vic, et papa d’une petite fille de 3 ans : agenda chargé ! L’an prochain, Yannick s’apprête à concrétiser un autre de ses rêves : il va partir chasser les tornades aux États-Unis. Belles images en perspective.
Yannick possède un palmarès impressionnant : il a participé à de nombreux concours français et internationaux, et a été primé dans plusieurs festivals. Il a décroché plusieurs titres, et a notamment été finaliste, en 2023, du prestigieux Astronomy photographer of the year. L’an dernier, il a fait très fort : il a participé aux Étoiles de l’Astronomie, le plus gros concours de la photo astronomique de France, et a été élu… Meilleur photographe de l’année ! « Je suis hyper content, c’est une consécration… D’ailleurs, je pars demain pour la remise des prix au ministère de la Culture, à Paris. C’est énorme, c’est la première fois que je participe à un concours aussi impressionnant… et j’ai un peu le trac ! (rires) ».
Yannick est également pilote de drone, ce qui lui permet de photographier des endroits impossibles à approcher physiquement. En 2022, il s’est envolé pour l’Islande afin de tirer le portrait d’un volcan en éruption : « C’était fantastique, on le voyait bouillonner… c’était hallucinant. Grâce au drone, j’ai pu aller très près du cratère ; des morceaux de lave explosaient à quelques centimètres de l’objectif, c’était démentiel ». Yannick fait aussi de très belles photos d’orages : grâce aux prévisions météo, il anticipe la localisation et les déplacements des tempêtes ; le reste, c’est une question de technique, de réglages et d’expérience. Le résultat, lui, est spectaculaire.
Lorsque nous avons demandé à Yannick quel était son meilleur souvenir dans les Pyrénées, il nous a répondu sans hésiter : « C’était en 2021, lors du passage de la comète Neowise. Il se trouve que ce jour-là, l’équipe du pic du Midi m’avait invité à faire des photos de nuit : la date était calée depuis plusieurs mois, et j’ai appris que la comète allait passer précisément ce jour-là ! ». Rappelez-vous, lecteurs : le hasard n’existe pas. « J’avais travaillé toute la journée à l’usine, de 4h à 14h ; en sortant, je suis monté directement au Pic, j’ai tout préparé, et j’ai attendu toute la nuit ». Yannick avait calculé que la comète passerait au-dessus de lui vers 5h30 du matin ; quand l’heure est arrivée, il a réglé son matériel, il a mis le retardateur, il est allé se placer sur le fameux ponton du Pic, il a écarté les bras, et… la magie a opéré : « C’était incroyable. Selon les scientifiques, elle aurait dû être très peu visible, mais elle est devenue de plus en plus lumineuse. J’ai réussi à être au bon endroit au bon moment ; quand j’ai vu le résultat sur l’appareil photo, j’ai sauté partout, j’étais comme un fou ! ». Cette photo (voir ci-contre) a été largement relayée sur les réseaux, notamment par le pic du Midi, le Département, Canon, mais aussi par France 3 qui a réalisé un reportage sur le travail de Yannick. « C’était épique ! »
Au mois de mai dernier, nous avons eu la chance de pouvoir observer des aurores boréales dans le ciel de la Bigorre. Yannick était bien évidemment sur le coup : « Je me suis positionné au-dessus de Bagnères pour faire un panorama à 360°, avec le Pic du Midi, la Voie lactée, et l’aurore boréale de l’autre côté, au nord ». Le résultat est splendide. Quel est votre secret, Yannick ? « Le plus dur est de bien connaître les lieux pour savoir où se placer, et comprendre le fonctionnement des mécanismes célestes pour anticiper au mieux. Puis espérer que la magie opère ! » Les photos de l’aurore boréale bigourdane sont très différentes de celles capturées en Laponie : « Dans le Nord, elles sont au-dessus de notre tête, on est plongés dedans, il y a des drapés, c’est très virulent, ça va très vite. Celles qu’on a observées ici étaient beaucoup plus hautes en altitude, d’où cette couleur rouge. C’était très impressionnant : on voyait d’énormes piliers de lumière monter vers le ciel. C’était violent ! ». Amis du Mag, nous ne saurions que trop vous conseiller d’aller jeter un œil, si ce n’est déjà fait, sur le site internet de Yannick. Les photos, croyez-nous, sont à couper le souffle. Bonne route, Yannick !