Ahmed Andaloussi, curriculum vitae : athlète, 46 ans, 58 kg, en équipe de France de paratriathlon depuis quatre ans, actuellement 6ème au rang mondial. Premier «fauteuil» français à avoir été sélectionné au mythique Ironman d’Hawaï (où il a par ailleurs terminé deuxième de sa catégorie après 11 heures et 30 minutes d’effort). Un mental d’acier et une constitution physique forgée dans le même métal, ce qui lui permet d’encaisser trois à quatre entraînements par jour. Et, surtout, une motivation tendue vers un seul objectif : faire partie de la sélection d’athlètes français qui ira aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020…
Il n’était déjà pas loin de participer aux Jeux de Rio, mais de son propre aveu il n’était pas prêt. « Avant Rio, j’ai fait une mauvaise saison. J’étais tout le temps épuisé et probablement en surentraînement. Aujourd’hui, mon entraîneur, Pierre Gaspario, s’occupe de tous les détails de mes séances, il sait même avant moi quand je suis fatigué et quand je dois relâcher un peu la pression. Avec ma femme et mon fils, c’est lui qui m’a remotivé et remis sur les rails après ma non-qualification aux Jeux 2016. Je lui dois énormément.»
Sport d’équipe / Épreuve solitaire
Ahmed Andaloussi, effectivement, est bien entouré. Son fils, par exemple, est à ses côtés comme « handler » à chacune des courses à laquelle il s’inscrit, c’est-à-dire qu’il est là pour aider son père à changer de tenue et à s’harnacher entre les trois différentes épreuves du triathlon, transitions lors desquelles il est important de ne pas perdre de temps. Mais sa réussite, Ahmed la doit avant tout à lui-même et à la discipline à laquelle il s’astreint depuis qu’il a commencé le triathlon : trois à quatre entraînements quotidiens dans les trois disciplines du triathlon (natation, vélo, course fauteuil), à quoi il faut ajouter les séances de musculation. Généralement, il commence tôt le matin, ainsi il peut consacrer ses soirées à sa famille, mais cela ne veut pas dire qu’une telle astreinte ne réclame pas son lot de sacrifice. « Le triathlon c’est un sport d’égoiste, probablement comme tous les sports à haut-niveau ; on fait véritablement une parenthèse dans notre vie. »
L’homme de fer
Cette parenthèse, il l’a ouverte en 2013, après un pari qu’il avait fait avec un ami valide. « On devait s’inscrire tous les deux à une course de triathlon sur courte distance, justement organisée par mon club, la Tribu 64 de Nay. On s’était mis ce deal mais lui ne s’est finalement jamais inscrit. Moi oui et voilà où j’en suis aujourd’hui… » Depuis, Ahmed Andaloussi enchaîne les courses, sur courte ou longue distance. Ainsi de l’Ironman d’Hawaï où il a terminé deuxième dans sa catégorie en 2018. Une performance qu’il faut mettre en perspective du fait que, sur les Ironmans, il n’existe qu’une seule catégorie pour les compétiteurs handicapés, c’est-à-dire qu’il n’est fait aucune distinction du degré de handicap desdits compétiteurs. « Sur les sprints les handicapés sont partagés entre les H1 et les H2, les H1 étant ceux qui le sont le plus lourdement, et qui bénéficient d’une avance sur les H2 de trois minutes et huit secondes. Moi je suis H1. A Hawaï, le triathlète qui m’a battu était un H2. Mais c’est comme ça, c’est les règles, on les connaît et on fait avec… Et puis, c’est du longue distance, le longue distance c’est pas pareil que le courte distance, sur le courte distance le temps est important sur le longue distance il l’est moindrement.»