Si les bruits omniprésents de notre quotidien ont tendance à nous taper sur le système, ils peuvent avoir de bien plus graves conséquences à long terme. À l’occasion de la Journée Nationale de l’Audition (14 mars), faisons un point sur le sujet.
Sonnerie de téléphone, musique à tue-tête et klaxons à répétition, les nuisances sonores font partie intégrante de notre quotidien. Si notre organisme semble habitué au bruit, l’omniprésence et l’intensité de ce tumulte ne sont-elles pas néfastes à notre santé ?
Aussi sournoises qu’invisibles, les pressions continues exercées par l’environnement sonore détruisent peu à peu nos oreilles, provoquant des effets dits « auditifs » et « extra-auditifs ». Si le bruit peut entraîner de graves lésions de notre appareil auditif, il peut également être la cause de plusieurs troubles du quotidien comme des difficultés à se concentrer, des pertes de vigilance ou des accès d’irritabilité. Lorsque ces nuisances persistent, le sujet peut être victime de troubles du sommeil, d’un dérèglement du système endocrinien et même de perturbations du système immunitaire.
En 2022, une enquête réalisée à l’occasion de la campagne pour la Journée nationale de l’audition révélait ainsi que les impacts du bruit sur la santé et la qualité de vie étaient en hausse depuis 2020, 1 Français sur 2 dénonçant des troubles du sommeil, 54 % de la fatigue, 49 % de l’agressivité, 51 % du stress, 46 % des maux de tête et 56 % des pertes de concentration en raison des nuisances sonores du quotidien.
Penser que ces désagréments sonores touchent principalement les seniors est une erreur malheureusement trop répandue. Selon une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les nuisances sonores peuvent devenir toxiques dès la vie fœtale, en abîmant le système auditif du bébé. Chez les tout-petits, l’excès de bruit peut être à l’origine de troubles du langage, de situations d’échec scolaire et, à long terme, de graves séquelles psychologiques. Quelques années plus tard, chez les adolescents, l’écoute de la musique amplifiée et de la télévision deux à trois heures par jour altère inévitablement leur capital auditif.
Les actifs, eux non plus, ne sont pas épargnés. Chez cette population, le trouble de l’audition est la troisième cause de maladie professionnelle et impacte fatalement la vie sociale et privée. Concernant les plus âgés, les nuisances sonores entraînent souvent un isolement social, des chutes accrues et un déclin physique et cognitif.
D’après un rapport de 2021 de l’OMS, près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffriront de déficience auditive à des degrés divers d’ici à 2050. Et si rien n’est fait, au moins 700 millions de ces personnes auront besoin de soins auriculaires et auditifs et d’autres services de réadaptation.
Pour lutter contre les nuisances sonores à tout âge, il est grand temps de mettre en place une politique de santé auditive et d’intégrer de bonnes pratiques, non seulement pour vivre mieux ensemble mais surtout pour pouvoir profiter de la vie en toute sécurité. C’est pourquoi, chaque année, l’association de la Journée nationale de l’audition alerte médias et grand public sur l’impérieuse nécessité de prendre soin de notre capital auditif qui peut, hélas, fondre comme neige au soleil sous l’effet des expositions sonores répétées. Car si nos yeux sont en effet dotés de paupières, nos oreilles, elles, sont malheureusement dépourvues de toute protection naturelle.